- 21 août 2023
- Géraldine Delforge
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C’est une question qui revient très régulièrement en consultation lorsque je rencontre les parents de mes patientes.
En effet, lorsque j’accompagner des jeunes patientes vivant encore sous le toit familial, je reçois au moins une fois ses parents et j’essaie de créer un partenariat avec ceux-ci pour qu’il puisse mieux comprendre ce qui se joue dans la tête de leur enfant.
Il s’agit de leur expliquer comment fonctionne le TCA, que ce n’est pas un caprice et de répondre à leurs questions dans un premier temps. S’il en émette le souhait, l’idéal est de se revoir tous ensemble régulièrement pour les guider sur ce qu’ils peuvent mettre eux en place à la maison, les commentaires à éviter, les comportements à encourager,…
Ce n’est pas évident de découvrir qu’un de ses enfants souffre de troubles du comportement alimentaire. Souvent, une fois le diagnostic posé, on observe assez rapidement un sentiment de culpabilité, souvent des mères, qui se demandent si ce sont elles qui ont causé le trouble alimentaire.
Pour répondre à cette question, il faut considérer qu’un trouble alimentaire n’a quasiment jamais qu’une seule cause. Il est de nature multi-factorielle et prend donc sa source dans la conjonction de différents facteurs qui, pris isolément, n’aurait sans doute pas provoqué de pathologie en tant que telle. Il n’y a donc pour le moment aucun lien de cause à effet qui a été clairement démontré entre le TCA d’une maman et celle de sa fille par exemple. Pas de marqueur génétique mis en évidence non plus.
Par contre, comme je l’explique à ces nombreux parents, les climats familiaux qui peut orienter une jeune femme vers les TCA sont les suivants :
- Les familles où l’on restreint l’alimentation pour des raisons valables (médicales) ou non
- Les familles où l’on bannit toute une série d’aliments considérés comme pas assez sains
- Les familles où l’on valorise les aliments très sucrés et gras en leur attribuant une connotation de « fête », de « récompense », de « mérite »
- Les familles où l’on force à manger
- Les familles où l’on tient des discours importants concernant l’apparence physique et corporelle (« tu devrais faire attention », « tu pourrais t’envoler », « tu es meilleur à tuer qu’à nourrir »,…)
- Les familles où l’un des membres de la famille est constamment animé par des préoccupations de poids ou de silhouette
- Les familles où l’un des membres souffre de manière évidente de TCA
Cela nous apprend que les jeunes femmes qui grandissent dans ce type de famille sont plus à risque de souffrir un jour de TCA. Cela nous permet de comprendre comment les patientes souffrant de TCA ont pu basculer à un moment donné de leur vie dans le cercle infernal du trouble du comportement alimentaire, ou comment ce climat familial a pu entretenir des préoccupations alimentaires ou corporelles naissantes.
Cela ne veut pas dire que le TCA sera inévitable.
Cela ne veut pas dire qu’on ne changera pas la dynamique familiale.
Tous les changements sont possibles. Mais il est primordial pour cela d’être accompagné par un professionnel de la santé mentale qui peut vous guider de manière bienveillante.
Et surtout la culpabilité ne sert à rien. Car si vous avez eu des comportements ou des discours tels que ceux mentionnés plus haut, il est probable que vous les ayez déjà vus ou entendus dans votre propre famille. Et puis tout simplement parce que la culpabilité paralyse et ne stimule pas le changement.
Enfin, si vous êtes préoccupé par les TCA qu’a développé votre enfant, même si celui-ci n’est pas encore prêt pour le changement, n’hésitez pas à vous faire accompagner également pour discuter de tout cela. Vous n’êtes pas seul(e) !